Recherche, coopération, étude et création
Accueil > Economies des drogues
Cette recherche porte sur les trafics de stupéfiants illicites et les économies -financières, sociales, relationnelles- qu’ils génèrent.
Elle explore plus particulièrement deux dimensions : l’une de profondeur historique et généalogique, et l’autre de mise en perspective des économies licites et illicites dans lesquelles les trafics de drogues sont territorialement encastrés :
– La profondeur historique des phénomènes de trafics de drogues a été jusqu’à présent peu explorée. Pourtant, les trafics s’inscrivent dans la longue durée, du moins en France depuis les années 1970. Il s’agit ainsi de réinsérer les formes économiques actuelles dans un continuum historique pour permettre plus rigoureusement d’analyser, d’une part ce qui différencie les formes très contemporaines de l’économie des drogues des formes plus anciennes, et comprendre la logique de leur évolution ; d’autre part d’élucider, par la généalogie des acteurs et celle des modes de gestion et d’organisation, les héritages, ruptures et continuités dont le réseau de trafic participe, sur plusieurs générations.
– La manière dont les économies des drogues prennent place au sein, à proximité ou en contrepoint des économies des mondes populaires, mais aussi s’inscrivent dans l’économie globale est l’autre point saillant de notre travail de recherche. Nous explorons les combinaisons économiques du deal de cité, leurs liens avec d’autres économies que celles de la drogue, informelles ou formelles, et les effets de complicité, de complaisance ou de familiarité autant que les conflits, les porosités et les étanchéités qui facilitent ou au contraire entravent ces liens.
Il s’agit précisément de mener une conséquente enquête de terrain au sein de territoires identifiés comme d’importants points de vente depuis la fin des années 1970 et que l’équipe de chercheurs connaît et fréquente de longue date, par un travail d’observation et une importante série d’interviews des acteurs impliqués dans les activités de trafic, mais aussi d’acteurs de l’ensemble des activités économiques et sociales explorées par la recherche, des acteurs institutionnels des services sociaux, de logement, des politiques de la ville, et des services d’application de la loi. Et en parallèle d’explorer les archives institutionnelles -politiques de la ville, bailleurs, police, justice- et de presse. Et à partir de l’enquête locale, la recherche sera élargie à l’échelle globale. Enfin, le travail de recherche sera enrichi de collaborations avec d’autres équipes de recherche à l’échelle internationale travaillant sur les organisations criminelles.
Cette recherche se déploie sur 3 années (2023-2025), dirigée et réalisée par Khadidja SAHRAOUI-CHAPUIS (sociologue, Mesopolhis), Claire DUPORT (sociologue, LEST), Christian BEN LAKHDAR (économiste, Université de Lille), Michel PERALDI (anthropologue, LEST).
Elle s’inscrit dans le cadre du programme PIRALAD (Programme interministériel de recherches appliquées à la lutte anti-drogues), de la MILDeCA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives)